Dans la banlieue d’Addis-Abeba, Behailu Seboka, 30 ans, fondateur d’Askema Engineering, fabrique des plaquettes de frein à partir de matériaux d’abattoir mis au rebut. Ce qui n’était au départ qu’un projet universitaire emploie aujourd’hui 268 personnes et sert 6 400 clients dans toute l’Éthiopie. « Avec le soutien adéquat, nous pouvons prouver que l’économie circulaire n’est pas seulement bonne pour l’environnement, elle l’est aussi pour les affaires », affirme-t-il.
Askema Engineering, l’un des exposants de l’assemblée annuelle 2025 de l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (ACEA), illustre la manière dont l’ingéniosité africaine — lorsqu’elle est soutenue par des politiques et des investissements coordonnés — peut devenir un atout industriel et apte à l’exportation.
À travers le continent, des entreprises comme Askema créent une vision concrète de la transition circulaire, et les participants à la réunion annuelle de l’ACEA ont pu découvrir diverses initiatives menées par des petites et moyennes entreprises africaines engagées dans cette démarche.
À Madagascar, le ministère de l’Environnement s’associe à des innovateurs locaux pour recycler des sachets en polyéthylène en fil durable pour la confection de sacs à main. Au Burkina Faso, les déchets plastiques sont transformés en pavés ou en planches utilisés pour la fabrication de pupitres d’école et d’équipements pour les espaces publics.
Ces projets illustrent l’essence même de la circularité, un modèle économique qui favorise la durabilité grâce à la réutilisation et au recyclage des matériaux et des ressources, ainsi qu’à l’élimination des déchets.
Alimenter le développement de l’Afrique
Chaque année, plus de 10 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail africain, mais seulement 3,1 millions d’emplois sont créés. Avec un marché mondial de l’économie circulaire estimé à 546 milliards de dollars et un potentiel de création de 11 millions d’emplois d’ici 2030, l’adoption de la circularité par l’Afrique pourrait changer la donne en matière d’emploi et de croissance inclusive.
L’Alliance africaine pour l’économie circulaire (ACEA), composée de 21 pays africains, dirige les efforts visant à intégrer les principes de l’économie circulaire dans les stratégies de développement du continent. Sa mission : transformer la transition écologique en un levier de développement et d’intégration.
L’Assemblée annuelle 2025 de l’ACEA, organisée à Addis-Abeba du 14 au 16 octobre, a constitué une plateforme essentielle pour le dialogue, l’échange de connaissances et la création de partenariats. Les participants ont exploré la manière d’étendre à grande échelle les modèles circulaires qui génèrent des dividendes à la fois environnementaux et économiques.
La réunion a rassemblé les États membres et des représentants de 19 institutions partenaires, dont l’Union africaine, l’Union européenne, la Banque africaine de développement, l’Organisation africaine de normalisation (ARSO) et des agences des Nations unies, telles que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Renforcer la confiance et la coopération
Les discussions ont porté sur l’harmonisation des normes, du financement et des politiques industrielles afin de remédier à la fragmentation de l’écosystème de l’économie circulaire en Afrique. Des initiatives, telles que le Fonds africain pour l’économie circulaire (ACEF), un instrument catalytique du Groupe de la Banque africaine de développement, et le Plan d’action continental pour l’économie circulaire (CEAP) de l’Union africaine, sont déjà des moteurs de progrès, conformément à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
« Je tiens à féliciter l’Alliance africaine pour l’économie circulaire et la Banque africaine de développement pour leur engagement déterminé en faveur de l’économie circulaire, a déclaré l’ambassadrice de Finlande en Éthiopie, Sinikka Antila. Le nombre croissant de membres de l’ACEA illustre la confiance grandissante dans cette vision commune. » La Finlande est l’un des pays partenaires de l’Alliance et un donateur du Fonds africain pour l’économie circulaire (ACEF).
Aubin Ndodjide, représentant du Tchad en Éthiopie, a également salué les efforts de l’Alliance pour transformer les opportunités de l’économie circulaire en solutions concrètes et en emplois durables pour les jeunes Africains.
Le Groupe de la Banque africaine de développement a intégré la circularité dans sa stratégie décennale 2024-2033, la reconnaissant comme l’un des fondements d’une prospérité durable. Le nouveau programme des Quatre points cardinaux de la Banque — élargir l’accès au capital, réformer les systèmes financiers, exploiter le potentiel démographique et investir dans des infrastructures résilientes — reflète la même philosophie.
« L’économie circulaire relie les Quatre points cardinaux du Groupe de la Banque en une seule équation : transformer les ressources, les idées et la jeunesse de l’Afrique en leviers de pouvoir économique », a déclaré Nathaniel Oluoch Agola, chef du bureau pays par intérim du Groupe de la Banque pour l’Éthiopie.






