La tension monte à la Société des Eaux de Guinée (SEG), où un vent de révolte souffle parmi les travailleurs. Derrière les murs du principal fournisseur d’eau du pays, la grogne sociale atteint son paroxysme : une grève générale est annoncée à partir de ce vendredi 7 novembre 2025, après des mois de frustrations accumulées.
Mais cette fois, la colère ne se limite plus aux questions salariales. Plusieurs employés dénoncent également la non-exécution de certains programmes financés par la Banque mondiale, censés moderniser la gestion de la SEG. Ordinateurs, équipements et logiciels acquis dans le cadre de ces projets seraient abandonnés dans les entrepôts, en voie de détérioration, pendant que les promesses de réforme restent lettre morte.
Un sentiment d’injustice devenu insupportable
À l’origine de ce bras de fer, une augmentation salariale de 120% accordée en mai 2022 à une poignée de cadres dirigeants, soit environ vingt-deux personnes, dont le Directeur général et ses adjoints. Pendant ce temps, plus de 680 travailleurs — techniciens, agents de terrain, personnels d’exploitation — n’ont bénéficié d’aucune revalorisation.
« Cette disparité est une humiliation », confie un employé joint par AllureInfo.net. « Ce sont nous, les agents de terrain, qui assurons chaque jour la distribution d’eau dans des conditions difficiles. Pourtant, notre travail reste ignoré. »
Blocage du dialogue social et bureau syndical expiré
Autre sujet d’inquiétude : le blocage du processus électoral interne du bureau syndical, dont le mandat a expiré depuis mars 2025. Malgré plusieurs correspondances adressées à la Direction générale et au Secrétariat général de la CNTG, aucune élection n’a été organisée, privant les travailleurs de représentants légitimes pour défendre leurs droits.
Le cri d’alarme des travailleurs
Dans un mémo transmis au Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, les employés demandent l’ouverture d’un dialogue franc et la mise en place d’une politique salariale équitable. Ils insistent sur le caractère pacifique de leur démarche :
« Notre mouvement n’a pas pour but de perturber la distribution d’eau dans le pays, mais de rétablir la justice et la dignité du travail », affirment-ils.
Des projets en panne, un service public menacé
Les travailleurs pointent aussi du doigt la mauvaise gouvernance qui bloque la mise en œuvre de programmes d’investissement internationaux. Selon plusieurs sources internes, les projets financés par la Banque mondiale pour numériser la gestion commerciale et moderniser les infrastructures hydrauliques sont à l’arrêt.
Les équipements livrés — notamment des ordinateurs, des logiciels de supervision et du matériel de traitement de données — dorment dans des cartons, exposés à la poussière et à l’humidité.
Une grève à haut risque pour les populations
Si aucun compromis n’est trouvé avant la date annoncée, la grève pourrait paralyser une grande partie du réseau de distribution d’eau, notamment à Conakry et dans certaines capitales régionales. Un scénario inquiétant pour des milliers de foyers déjà confrontés à des coupures fréquentes.
Les yeux sont désormais tournés vers le gouvernement et la présidence. Le pays attend de voir si le cri des travailleurs de la SEG sera entendu — ou si la crise d’une entreprise vitale pour la Guinée va s’enliser dans le silence et l’indifférence.







