Le retard accusé par la Guinée dans certains domaines est essentiellement imputable à la négligence de nos dirigeants à repenser le système éducatif. Sinon, la Guinée a tout pour se hisser plus vite au rang des pays émergents.
C’est justement l’analyse détaillée que nous propose cet éminent enseignant, Oumar Diabaté Lalmas. Des mines aux autres ressources du pays, la Guinée ne peut espérer aller de l’avant qu’avec la formation et surtout de la bonne formation.
Lisez plutôt :
De par les temps qui courent, la Guinée est plutôt connue comme un pays exportateur de minerais de bauxite. Ce qui lui fait perdre énormément d’argent. Tenez, plus de 18 millions de tonnes de bauxites en 2015, pour un revenu de 173 500 000 dollars (Cent soixante-treize millions cinq cent mille dollars us), 7% des réserves internationales, 2016 les plus de 27 millions de tonnes exportées n’ont rapporté que 334 800 000 dollars (Trois cent trente-quatre millions huit cent mille dollars), 31 millions de tonnes de bauxite en 2017, d’une valeur de 384 400 000 dollars ( Trois cent quatre-vingt-quatre millions quatre cent mille dollars) vers le marché chinois. En 2022, 72 millions de tonnes de bauxite ont franchi nos frontières vers d’autres pays. Ce qui coûterait 892 800 000 USD (Huit cent quatre-vingt-douze millions huit cent mille dollars).
Tous ces montants ont été obtenus de la vente de notre bauxite. Pourtant on gagnerait trois milles fois plus si on vendait en aluminium. Comme vous le savez, ce métal tiré de la bauxite est composé d’oxyde hydraté d’aluminium (40 à 60 %), mélangé à de la silice et de l’oxyde de fer. Il faut environ de 4 à 5 tonnes de bauxite pour obtenir deux tonnes d’alumine qui permettront de produire une tonne d’aluminium. Donc, dans 4 tonnes de bauxite, on retrouve 1 tonne d’aluminium.
Autant dire qu’une usine de transformation de bauxite en aluminium pouvait nous permettre de gagner plus.
En 2015, 18 millions de bauxite : 4 500 000 tonnes d’aluminium (quatre millions cinq cent mille tonnes) vendues au prix de 3 500 $ / tonne à un revenu de 15 750 000 000 $ (Quinze milliards sept cent cinquante millions de dollars.
En 2016, la Guinée a exporté plus de 27 millions de tonnes de bauxite qui correspond à 6 750 000 tonnes d’aluminium. Ce qui peut rapporter 23 625 000 000 $ (Vingt-trois milliards six cent vingt-cinq millions de dollars).
En 2017, avec nos 31 millions de tonnes de bauxite vendues aux industriels extérieurs, cela devait nous rapporter, si c’était transformé, bien sûr, en aluminium, un montant de 27 125 000 000 $ (Vingt-sept milliards cent vingt millions de dollars américains).
Et si nous prenons les 72 millions de tonnes de bauxite exportées en 2022 cela pourrait nous rapporter 180 000 000 000 USD au prix de 2500 USD/t d’aluminium.
L’intérêt sur l’aluminium est donc énorme et nous avons tout à gagner dans un pays de 15 millions d’habitants.
Comment inverser la tendance ?
Pour réaliser cela, on ne doit compter que sur nos compétences et la qualification pratique de notre enseignement professionnel minier.
Sinon, quelle que sera la durée de l’exportation de nos minerais, on ne nous laissera jamais avoir d’industrie minière.
Retenez que notre bauxite est envoyée aux Emirats Arabes unis pour être transformée en Aluminium avant d’être vendue. Ce qui rapporte 1000% d’intérêt à ce pays qui n’a aucune mine de bauxite. D’ailleurs pour son développement industriel minier, Emirates Global Allumina, (EGA), a construit une nouvelle raffinerie d’alumine à Alta Weelah qui a coûté près de 4 milliards de dollars avec une production de 2 millions de tonnes d’alumine par An. Un personnel composé d’étrangers et de nationaux, d’un demi-millier de personnes y travaillent. Des industries aussi puissantes n’accepteront jamais de laisser un pays comme la Guinée, première richesse de bauxite au monde, avoir sa propre industrie d’aluminium. C’est un risque énorme pour eux. Voilà d’où intervient la grande corruption dans laquelle se beurrent nos cadres.
Aujourd’hui la bauxite a un prix moyen de 12,4 dollars la tonne, pourtant depuis le début de l’année 2022, le prix de l’aluminium connaît une croissance exponentielle. Avec un prix d’environ 3.500 dollars la tonne en Janvier 2022 pour atteindre la valeur historique de 3.963 dollars la tonne en mars 2022, soit 3 951,6 dollars d’intérêt par tonne. C’est effroyable. !
Aucun projet sérieux n’est principalement basé sur la raffinerie d’alumine et d’aluminium en République de Guinée. Tout dernièrement l’Etat a exigé auprès des sociétés minières la construction de raffineries d’alumine et d’aluminium. Il y a près d’une dizaine de conventions minières négociées entre l’État guinéen et les sociétés minières étrangères, pour la construction de fonderie d’aluminium ou d’aluminium, qui n’ont jamais abouti. Il y a des actions douteuses, voire illégales, entre les industriels eux-mêmes, pour pousser à l’abandon de construction d’usine minière en République de Guinée. « Le Raffinage d’aluminium exige une puissante logistique et des infrastructures énergétiques plus coûteuses que la production d’alumine » argent-ils. Si la construction d’une raffinerie minière exige un ensemble de moyens et méthodes de transport, de manutention ou de ravitaillement et l’ensemble des éléments constituant la base nécessaire à l’édification et au fonctionnement d’un système énergétique plus cher que la production d’alumine, cela ne doit nullement effrayé la Guinée. Plutôt, notre motivation doit être inaltérable quel que soit les coûts et les contraintes.
On parle de manque de grands barrages énergétiques capables de faire fonctionner une usine de transformation de bauxite et la bonne gestion de l’environnement.
Prenons le barrage de Souapiti qui a une capacité de 515 mégawatts avec un coût de réalisation de 1,3 milliards de dollars. Ce qui veut dire que 2 millions de tonnes d’aluminium d’une seule année coûtent 5 milliards de dollars au prix de 2500 us la tonne. Cela pourrait financer le double de Souapiti et 4 barrages d’une capacité 240 MW à l’image de Kaléta.
Le plus concerné dans ce projet de construction de barrage hydroélectrique, de centrale éolienne ou solaire est bien le système éducatif : éducation nationale, enseignement professionnel et de l’emploi, enseignement supérieur et de la recherche scientifique et de l’innovation.
Mais les plus intéressés sont bien ceux de l’enseignement supérieur et de celui du professionnel qui ont pour mission principale de former et d’employer les ressources humaines disposant des qualifications nécessaires à faire construire et fonctionner une industrie minière et énergétique. Il revient à un département aussi stratégique dans un processus de développement national de proposer à l’Etat un contenu de formation permettant de former la ressource humaine nécessaire à la réalisation des projets phares du pays. S’il y a bien un terreau fertile pour les innovations, les idées nouvelles et la recherche pour créer et transformer des secteurs spécifiques porteurs de croissance comme l’industrie minière et énergétique en République de Guinée, ce sont les établissements d’enseignements supérieurs et professionnels. Ces départements dans notre pays, pour le cas spécifique de l’industrialisation minière, doivent proposer et faire progresser la recherche et transmettre les aptitudes ou toutes les connaissances qui en sont issues à la nation. Notre pays, très attaché à son industrialisation minière qu’il souhaite réaliser, se concentre à la recherche fondamentale ou appliquée. En fonction des travaux effectués dans des centres de recherches bien équipés et tenus par des corps chargés de recherches : directeur de recherches, ingénieurs de recherches, ingénieur d’études, assistant ingénieur, technicien en recherche et formation, etc. choisis sur la base de leurs compétences avérées, mettraient au point une véritable raffinerie d’alumine et d’aluminium.
Ces travaux se feront avec la participation des départements concernés. Tels que les ministères des mines et l’énergie qui transmettent aussi leurs connaissances issues des recherches conduites dans leurs domaines de spécialisation. Il est du devoir impérieux de l’État d’installer une ou deux unités de recherches sur » la conception et la réalisation d’une raffinerie d’aluminium et d’un barrage hydroélectrique élargi à d’autres sources d’énergies », une structure technique et technologique constituée donnant un espace de travail aux chercheurs et agents spécialistes. Ces unités sont affiliées à des universités, établissements techniques, industries, organismes de recherches, etc. privés et publics dans le monde.
Des secteurs qui peuvent hisser la Guinée haut
La Guinée a trois secteurs pouvant lui permettre d’être émergent et leaders en Afrique. Ce sont : l’industrie, l’agriculture et la culture. L’industrie minière peut à elle seule financer tous les deux autres secteurs. Mais sauf qu’on nous fait toujours croire qu’elle a de sérieux problèmes. Pourtant l’industrie minière pourrait bien nous permettre de réduire considérablement les prêts et l’aide extérieure. Tout dernièrement, le CNRD a bénéficié des institutions un appui financier de 400 millions de dollars. Ce qui fait 114 285,7 tonnes d’aluminium. Qu’est-ce que cela représente dans 27 millions de tonnes de bauxite équivalant 6,5 tonnes d’aluminium.
‘’Si nous voulons sortir de la pauvreté, l’industrialisation minière est la voie idéale mais ils n’accepteront jamais cette hypothèse qui est pourtant la vraie solution’’.
La nécessité de revoir l’enseignement
Si après 65 ans d’indépendance et plus de 40 ans d’économie libérale et un enseignement supérieur et professionnel plus ouverts au monde extérieur, notre programme d’enseignement se cherche encore, il y a une énorme défaillance quelque part. De tout ce temps, après le passage de près d’une vingtaine de ministres à ces départements, le pays n’a pu obtenir que des cadres supérieurs et professionnels improductifs pour une véritable industrialisation minière. La grande majorité n’a pas travaillé à l’avantage du pays. Les départements éducatifs ont toujours proposé des programmes inadaptés à la formation des ressources humaines dont on a réellement besoin pour construire une industrie minière et même énergétique. On ne nous livre que de petits ouvriers préparés à travailler dans de petits ateliers. Pour preuve, tous les inventeurs et innovateurs de ce pays sont en majorité des analphabètes qui ont appris leurs métiers de façon informelle. De surcroît, même ces jeunes créateurs ne bénéficient d’aucun encadrement de l’État. Chaque création est ‘’industriable’’ s’il est assisté par des spécialistes en la matière et ceux qui peuvent apporter la performance en la chose. Exemple: Quelqu’un qui invente du carburant à base de caoutchouc doit être accompagné par l’État à travers la recherche scientifique et de l’innovation et celui du technique et professionnel, pour développer sa création en lui apportant une ressource humaine spécialisée et des équipements entre autres: analyseurs, chimistes, ingénieur industriel, spécialistes en hydrocarbure, etc. On me dira qu’étant un pays à revenu très bas et de surcroît très pauvre, qu’on n’est loin de ce cap et qu’on ne pourrait même pas le faire. Pourtant, c’est toujours de la pauvreté que jaillit les lumières.
Est-ce qu’il a fallu à la Chine de la richesse pour réussir son industrialisation ? loin s’en faut !
Le manque de ressources humaines capables de fabriquer et d’innover des machines et autres appareillages de transformation de notre bauxite en aluminium et aluminium et de la construction d’un barrage hydroélectrique est l’une des causes essentielles de notre échec industriel et énergétique.
Voilà près d’un demi-siècle qu’on n’a pas pensé à réaliser un tel exploit. C’est ce travail que nous devrions commencer à faire. Il s’agit juste de mettre en place un projet bien amélioré dans ce sens dans un ou deux ans, on verrait le démarrage s’effectuer. Les villes minières pourraient servir de base pour la construction de ces centres de recherches et de réalisation de raffinerie d’alumine pour un premier temps. Il faut mobiliser toutes les ressources humaines qualifiées, intérieures et extérieures et tous les moyens matériels et équipements nécessaires.
Au niveau de tous les départements de l’Education, l’effort doit être tendu vers la conception des machines et appareillages industriels. Cette conception des machines dépendra des programmes de formation pratique déployés : unité de recherches affiliées à des universités et d’autres organismes de recherches, ouverture d’atelier de travail – équipements en matériels nécessaires- recrutement de personnel qualifié, etc… et d’un programme de travail local conçu de façon concertée sans aucune influence extérieure. C’est dans cette trajectoire propre à notre politique nationale d’industrialisation minière que l’esprit d’initiative peut s’employer pleinement.
Des exemples types ne manquent pas
Rappelons le cas de la Chine dans son industrialisation. Ce pays s’est tracé un chemin de semi-mécanisation due, la plupart du temps, à des initiatives de toutes origines. Il y avait d’importantes chaînes de production industrielle de thé, par exemple, semi-mécanisée ou totalement mécanisée mais entièrement construite en bois par des ouvriers et des artisans. Il y avait des usines de câbles électriques dont les machines, elles aussi, ont été construites par les mêmes moyens, avec les mêmes matériaux.
Cette grande Chine de toutes les technologies modernes d’aujourd’hui est passée par ce chemin pour être là où elle se trouve à nos jours : première puissance économique du monde. Quelqu’un dira quelque part qu’on ne pourrait copier ce pays dont les réalités sociales et techniques nous différent profondément, dans bien des domaines de nos propres réalités. C’est mauvais et même dangereux d’avoir une telle conception qui a brisé tous nos élans de développement technique et technologique. Hier, je suivais sur les réseaux sociaux un jeune congolais qui a fabriqué un hydravion. C’est vrai que la plupart des pièces composantes de cet engin est venu des industries asiatiques ou occidentales, mais il a effectivement conçu un an durant son appareil dans son pays, pas ailleurs.
Autres exemples
Prenons nos mécaniciens qui utilisent des connaissances obtenues de nos ouvriers locaux. Il est possible qu’en partant de leurs capacités techniques, on puisse créer des métiers semi-mécanisés qui pourraient reproduire ou inventer n’importe quelle machine. Il en est de même pour la fabrication de plusieurs appareils et plus généralement pour les machines usuelles. C’est ainsi que nous achetons très cher à l’étranger, des machines alors qu’en nous y mettant, nous pourrions fabriquer tous ces engins importés. Il serait possible de créer avec le temps des machines exportables dans d’autres pays.
Le secteur privé à un grand rôle à jouer dans la fabrication industrielle et même artisanale de nos objets industriels usuels. Avons-nous fait visiter ou faire travailler nos experts dans les grandes industries existantes dans notre pays pour étudier leur fonctionnement et tenter de reproduire la même chose avec nos matériels locaux. C’est cela le transfert de technologie qui permet la création de nouvelles opportunités commerciales grâce entre autres à l’accès à de nouvelles technologies qui repoussent les limites auparavant établies. Cela permet l’expansion vers de nouveaux marchés et l’arrivée de nouvelles collaborations. Des millions d’asiatiques, d’européens et d’américains ont travaillé dans l’espionnage industriel qui vise à entrer en possession des propriétés
Un Chef de département dît dans une émission radio télévisée ceci : « l’état des lieux était alarmant. Il était alarmant parce que c’est un secteur qui est dans l’éducation ». Le fait que son secteur soit dans le domaine éducatif c’est pourquoi il est alarmant. Il a démontré une fois de plus que l’enseignement en Guinée a toujours été un problème dans son contenu et dans son fonctionnement. Raison de plus de changer notre politique éducative en l’améliorant de façon exhaustive, en y apportant beaucoup d’innovation pédagogique, en tenant bien compte de nos réalités socio-économique. Certes, il y a eu des changements mais ils sont si minimes qu’ils passent inaperçus. Il reste beaucoup à faire surtout dans l’enseignement supérieur et professionnel, terreau fertile de notre développement technique et technologique. C’est là où devraient être formés et encadrés tous les fabricants de nos machines et appareillages nécessaires, par les techniciens et spécialistes pour notre autosuffisance économique et même industrielle. C’est la moule qui façonne nos ouvriers et spécialistes capables de concevoir la ressource humaine conceptrice de nos besoins primaires et secondaires.
Des lacunes à corriger au niveau du système éducatif
Notre pays est pauvre mais aspire au progrès. Nous avons des problèmes dans notre formation professionnelle mais aussi dans le supérieur. Nous n’arrivons jusqu’à présent pas à le comprendre car empêchés par certaines interprétations subjectives. Il faut véritablement un collège de professeurs, spécialistes, ingénieurs, anciens ouvriers et techniciens, etc. pour choisir, adapter ou même rédiger des ouvrages techniques en fonction de
nos objectifs établis. Car les problèmes doivent être parfaitement analysés, compris et résolus selon les conditions industrielles qui déterminent nos réalités objectives. Notre pays a été moulé depuis plus de 39 ans dans de multiples expérimentations pédagogiques. La Guinée était devenue le champ d’expérimentations de toutes les méthodes éducatives. La science et l’invention ont atteint, pour d’autres, les limites infranchissables que nos connaissances, créativité et compétences sont désormais immuables et absolues. Une manière de freiner, de ne rien espérer, de ne rien tenter et de ne rien vouloir. Tout doit venir de l’extérieur en devenant dépendants à outrance, donc inefficace. Nous faisant prétendre que nous avons atteint le sommet de notre créativité et que le déclin est en exécution. Il faut refuser cette pensée surtout dans un secteur aussi névralgique que l’enseignement supérieur et professionnel d’où doivent venir nos plus grandes inventions technologiques et industrielles, l’usine à ressources humaines où seraient construits nos inventeurs et innovateurs de tous les secteurs de développement, d’où l’imperfection causerait des convulsions, crises et déséquilibres de notre progrès comme nous le vivons aujourd’hui.
Monsieur le chef de département dont nous parlions plus haut, continue en ces termes: « Pour cela, elle a besoin de mains d’œuvres qualifiées… ». Quels genres de main-d’œuvre qualifiés ? En mécanique auto, menuiserie, soudure, vitrerie, maçonnerie, ébénisterie, plomberie, Non ! Pas de solutions raccourcies à nos problèmes de développement. Ils seront multiples tant qu’existeront les conditions de transformation.
Certaines professions sont déjà prises en charge par le secteur privé, nous n’avons qu’à les encadrer en apportant des connaissances théoriques et pratiques pour améliorer leur savoir-faire. C’est pour cela que l’enseignement supérieur et professionnel doivent être régulièrement en contact avec les ateliers d’apprentissage de métiers. Il faut organiser souvent des ateliers de formation et d’échanges pour le secteur privé en offrant l’occasion de rencontrer des professionnels, d’échanger avec eux afin de voir ensemble les perspectives qui peuvent s’ouvrir à la communauté estudiantine en termes de formation théorique et pratique dans le domaine minier et énergétique. Échanger pour repérer quelles sont les offres de formations qui existent déjà dans les instituts d’enseignement supérieur. Quels sont les besoins en termes de formation pour faire face aux besoins nécessaires, pour exploiter nos ressources minières à travers son industrialisation.
Le nerf principal du développement socioéconomique d’une nation est bien la bonne formation de sa ressource humaine. C’est ce qui nous a manqué et nous a longtemps maintenu en état d’infériorité technologique constante. Certains cadres décideurs, (heureusement pas tous), ont introduit des méthodes irrationnelles de travail qui empêchaient toute qualification appropriée.
L’administration a instauré une conception qui n’est pas conforme à une bonne organisation du travail et un mauvais emploi des ressources humaines qui a abouti à un échec de la formation professionnelle. En somme, c’est un véritable gaspillage. C’est ainsi qu’une division outrancière du travail rendait impossible toute promotion professionnelle et justifiait par ailleurs la politique de bas niveau de formation qui se pratique encore aujourd’hui. Non seulement ces pratiques aboutissent à l’irresponsabilité, mais elles excluent toute formation professionnelle sérieuse. Dans les bureaux, certains cadres se font entourer d’aides auxquels ils abandonnent l’essentiel de leur fonction et n’apportent aucune connaissance aux élèves. Même quand ils devaient le faire souvent, certains mouraient avec les connaissances qu’ils devaient léguer aux ayant droits, c’est-à-dire les apprenants. C’est ainsi que nous avons perdu des milliers d’idées et de notions qui allaient certes conduire à des inventions sérieuses. Souvent c’étaient des gens pétris de talents qui refusaient de mettre à disposition leurs connaissances.
Aujourd’hui même, on remarque auprès de chacun un subalterne, qualifié d’esprit médiocre, incapable d’initiative, sur lequel l’on se décharge des tâches qui ne sont pas favorables au développement du talent. Cette conception doit être bannie dans le fonctionnement de notre administration en générale et à l’enseignement en particulier. Car, il est le bloc opératoire où le risque est très élevé. Dans presque plusieurs espaces d’apprentissage et ateliers, il y a une panoplie d’aides: aide analyseur, aide chaudronnier, aide maintenancier industriel, aide soudeur, aide chimiste, aide physicien, aide directeur de recherche, aide photocopieur ou photocopieuse, aide secrétaire, aides garagistes, etc…, qui passent le temps à ne rien faire au lieu de se faire inscrire dans un centre d’apprentissage et qui vieillissent sans jamais acquérir une quelconque qualification professionnelle. C’est ainsi qu’à côté d’ouvriers et employés qualifiés, on trouve des personnes sans aucune qualification et difficilement utilisables. Ce n’est pas eux seulement qui perdent, le pays aussi prend le coût.
Notre enseignant poursuit en disant que : « la vieillesse du personnel que je salue de passage ». La vieillesse du personnel n’est pas une priorité qui mérite d’être cité dans vos réalisations. S’il y a un secteur où la retraite doit arriver en rampant, c’est bien les départements de l’enseignement supérieur et professionnel. On doit plutôt promouvoir les contrats de maintien des spécialistes avérés dans le processus de formation, surtout ceux qui sont très compétents, mais pas ces cadres qui n’ont pas de maîtrise parfaite dans leurs spécialités et qui ont passé tout le temps entre les quatre murs d’un bureau sans dispenser des cours pratiques et théoriques.
Généralement les professeurs d’enseignement, ingénieurs, chargés de recherches, ingénieurs d’étude, technique et pratique, chef de travaux et autres sont pétris d’expériences et ont souvent bénéficié des bourses extérieures qui font d’eux des éléments essentiels de la formation.
Alors chaque fois qu’un d’eux est précipité à l’indisponibilité, c’est une perte colossale pour le pays. Dans certains pays sérieux, ces cadres formateurs pratiques signent des contrats avec l’État pour leur permettant de continuer à léguer leurs connaissances théoriques et pratiques aux milliers de jeunes élèves du pays.
Pour conclure mes analyses, il faut retenir que l’enseignement supérieur et celui professionnel doivent tenir compte des réalités guinéennes. J’ai dû lever certaines équivoques autour de l’industrialisation minière et énergétique du pays, interprétée par les uns comme irréalisable et par d’autres comme »à abandonner », purement et simplement de notre projet de développement national au profit de la technologie étrangère.
J’affirme, sans risque de me tromper, que l’obscurantisme industriel n’a d’autres objets que de nous contraindre à l’incapacité et à l’impuissance. C’est une des conséquences de notre mauvaise gouvernance éducative et administrative que nous devons combattre acharnement en ajustant notre enseignement supérieur et formation professionnelle, si nous voulons assurer rapidement notre indépendance industrielle, minière, énergétique et environnementale.
Oumar Diabaté Lalmas