La Guinée est marquée par la doctrine socio libérale dominante et considère que »l’impôt doit être neutre et le recours à l’emprunt doit être exceptionnel ». Un impôt est neutre quand ses effets ne modifient pas les comportements des agents économiques. Une telle neutralité n’est pas possible dans l’absolu. Tout impôt c’est-à-dire direct ou indirect, diminue le revenu disponible et modifie donc les propres de consommation, d’épargne, d’investissement des agents économiques.
Pour les libéraux (le cercle des économistes de Paris-Dauphine), l’impôt devrait avoir un but exclusivement financier : couvrir les dépenses de fonctionnement des services publics. Selon STOURM, « L’impôt ne doit être ni stimulant, ni moralisateur, ni protecteur, il doit être exclusivement le pourvoyeur du trésor ». Selon les économistes libéraux, l’essentiel de la fiscalité repose sur des impôts indirects c’est-à-dire ces derniers représentant 80% des rentrées fiscales. Il faut reconnaître finalement que la recherche de la neutralité aboutit à creuser des inégalités, car ces impôts indirects pèsent essentiellement sur les produits de consommation courante et touchent donc indistinctement les riches et les pauvres. Les pauvres qui consacrent tout leur salaire à l’achat de biens de consommation courante sont ainsi défavorisés fiscalement.
En revanche, l’emprunt devrait rester d’un usage exceptionnel. En effet, les emprunts détournent au profit d’activités publiques non productives une épargne nécessaire au financement des investissements productifs des entreprises. De plus, nous l’avons vu, un emprunt pèse sur les générations futures (intérêt, remboursement du capital).
En conclusion, malgré la mise en avant du caractère exceptionnel de l’emprunt, la dette publique est très forte. En 2020, elle représentait 60,38% du revenu national, et la charge des intérêts absorbait 18,41% des crédits budgétaires.
Dr BAH ALIOU, Inspecteur Principal des Impôts